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matemonculot
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16 février 2009

Presse, quand tu nous tiens!

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Michèlle Perrot dans Mon histoire des femmes explique que les journaux dont le contenu politique s'adresse aux hommes n'intérèssent que moyennement les femmes.

C'est tout à fait vrai. En effet combien de femmes voyez-vous dans le RER ou le métro qui ouvrent le papier gris sans qu'elle ressemble à votre prof de philo ou d'histoire-géo ?

Très peu, j'en ai moi-même fait le constat récemment. Si l'on s'en tient à une explication qui me paraît plausible c'est que s'intéresser chaque matin ou chaque soir à l'actualité c'est une manière d'affirmer sa citoyenneté, sa prise de conscience politique et donc c'est une manière de prendre le pouvoir. Mais le pouvoir intéresse-t-il vraiment les femmes?

J'ose espérer que oui ou du moins que cette ambition prendra une réelle ampleur dans un avenir proche.

Michelle Perrot affirme également que les femmes se plaisent davantage à s'emparer "des "rez-de-chaussée" voués aux feuilletons".

Il s'agit là d'une historienne qui raconte l'histoire des femmes donc évoque le passé. Elle évoque aussi le fait que la presse féminine a participé au mouvement de libération des femmes.

C'est tout à fait vrai. Seulement une ambiguïté doit être soulevée.

En effet ne devrais-je pas être outrée lorsque je lis en couverture de magazine du ELLE de la semaine dernière que le journal consacre une interview à Milla Jovovich qui n'a-je cite-que trois passions dans la vie: "ma fille, mon homme, ma mode"!

Ne devrais-je pas y voir un slogan acculé à la ménagère des années 40 comme pouvait l'être "travail famille patrie" du gouvernement de Vichy? Comment se fait-il qu' au cours de l'histoire de l'émancipation des femmes, chaque avancée fasse l'objet d'un regrettable pas en arrière? Avoir une fille et non pas pondre 10 gamins puis mourir en couches est devenue pour nous une liberté acquise. Choisir l'homme avec qui l'on veut faire sa vie et non pas se marier avec un pénis sénile est une liberté acquise. Choisir de s'habiller comme on le souhaite ( et là encore je me retiens de parler de la dictature lagerfeldienne) et non pas s'étrangler dans un corset est là aussi une liberté acquise. Mais alors pourquoi ces mêmes journaux qui ont oeuvré à l'émancipation féminine nous imposent-t-ils une telle vision du bonheur féminin?

Tout ce qui devrait compter, nous sembler comme un essentiel est sa progéniture, son mec et sa penderie. Les études, le travail, les loisirs et sorties entre copines...on en fait quoi?

Je reprends ici une idée émise par une autre blogeuse féministe ( Olympe) qui était outrée de voir qu'un journal politique avait décidé d'expliquer le pourquoi du comment les femmes haïssent- c'est bien le terme employé par les journalistes- Rachida Dati. Les femmes n'ont pas d'opinion politique argumentée et raisonnée, elles ne sont là que pour haïr une femme, médire sur la base de son style vestimentaire, sur le courage qu'elle a eu de s'affirmer en tant que femme dans un milieu essentiellement masculin. D'une certaine manière elle est là pour rappeler que l'on peut être femme, belle, soignée mais également ministre du gouvernement.

Je ne la défends pas d'un point de vue politique, ce n'est pas l'objet du blog ou de cet article (allez chercher chez moi une once de militantisme...) mais je veux juste rappeler qu'elle n'a pas à être détestée des femmes en tant que femme. Sinon cela nous renvoie à cet inconscient collectif d'avant 1944 selon lequel les femmes sont incapables d'avoir une véritable opinion politique et ne méritent donc pas le droit de vote. Ce serait signifier qu'elles n'ont que le droit de manifester pour des casserolles de meilleure qualité et des courgettes mois aseptisées.

En prenant l'exemple de Rachida Dati mais également de Ségolène Royal qui a eu le courage de ne pas aliéner sa féminité sous prétexte qu'elle accède au monde politique, je veux expliquer que le monde politique ne doit pas s'adresser seulement à l'esthétisme d'Angela Merkel et exclure les Marilyn Monroe ( ça ne veut pas dire que je compare Rachida Dati à cette icône du glamour qui d'un point de vue strictement personnel, m'emmerde).

On peut porter des talons de 12, employer des mots de plus de deux syllabes, ouvrir Le Monde ou le Figaro, envisager une carrière politique et apprécier Rachida Dati ou pas pour son action au gouvernement et ne pas la haïr parce qu'elle porte de TROP BELLES ROBES PUTAIN T'AS VU LA DIOR JE SUIS TROP JALOUSE JE LA DETESTE!!!

Je dis ça aussi parce que tous les 3 jours dans le métro il y a toujours un vieil intellectuel ( bidoche, barbe, pantalon en velours et grosses lunettes) pour s'étonner que je lise Le Monde alors que je porte des chaussures rouges flashy à talons. Le nombre de centimètres du talon de mes chaussures déterminerait mon quotient intellectuel.

Du coup cette semaine qu'est-ce que je vois sur la couv' de ELLE? "Rachida Dati, elle choque, elle agaçe...ce qu'en pensent les femmes". CQFD.

Un autre article du journal parle des femmes qui contrôlent tout, les "control freak". Elles réussissent leur carrière, sont intelligentes et jolies, ont un mari fidèle. Le journal ne les présente pas comme des femmes ayant réussi mais comme des obsédées du contrôle et il retranscrit même les propos d'une psychanalyste qui résume que finalement ces femmes vont se péter la gueule un jour ou l'autre. Un homme a droit au succès, une femme qu'à moitié ou pour un temps seulement.

Angelina Jolie finira bien par avoir la lèpre, Madonna par baffrer au Macdo, Rachida Dati par être conseillère municipale.

Alors je pose une question: le véritable frein à la parité n'aurait-il pas sa source parmi les femmes?

Michèle Perrot explique que les débuts de la presse féminine étaient entre la plume des hommes, aujourd'hui on n'a plus d'excuse: la plupart des rédactrices en chef sont des femmes.

Donc les filles un seul ordre: continuez à lire les magazines girly si ça vous plaît. Je n'ai pas l'intention de faire couler leur marché. D'ailleurs je n'ai aucune honte à dire que je suis moi-même abonnée à un journal féminin et que j'en achète un autre voire deux autres de temps en temps.

Seulement:

a) gardez de la distance et aiguisez votre esprit critique

b) considérez que vous faites de la recherche au profit de la lutte contre le machisme.

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Commentaires
F
Michelle Perrot nous raconte le passé, mais c'est pour nous expliquer l'avenir, et pour aider les plus jeunes vers un meilleur avenir. Comme d'autres universitaires engagées, elle est féministe, solidaire des femmes.<br /> Enseignement, livres, débats, télé, elle ne baisse jamais les bras : il faudrait que nous les femmes méritions cette solidarité !<br /> Bravo pour ton culot !
F
Je m'en remets juste pas, du nom de ton blog.<br /> Quant au ELLE, si ça t'intéresse, viens mater de vieux ELLE chez moi, j'en mets un en ligne chaque semaine, un de ceux du temps où féminisme n'était pas un vain mot considéré par ce magazine (et d'autres depuis)comme un repoussoir...
O
très interessant. je fais un lien et je mets dans ma blogtoll.<br /> <br /> ce que tu dis est juste. En même temps un article de courrier international remarquait récemment que la plupart des femmes du gouvernement étaient plutôt jolies et sexys et concluait en demandant "ou sont les moches ?". <br /> pile tu pers, face tu gagnes pas. Si t'es trop jolie on va t'apprécier d'abord pour ça, si t'es pas assez jolie on va te critiquer pour ça.<br /> <br /> longue vie à ce blog
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