On croque chaque jour la Pomme à deux

(sérigraphie, Julian Key)

Trois nanas, robes, jeans slim et escarpins, Fontaine des Innocents.

22 heures.

Deux types, bière, jean délavé, les empêchent de passer : "Hey les filles!"

Ces trois mots prononcés, ils s'octroient le droit de leur attraper le bras. Les trois filles se divisent et prennent la fuite. De la peur, de l'humiliation. Comme à chaque fois. Dans ces moments là nous sommes toutes des proies et pourtant certaines d'entre nous sont suffisamment naïves pour y voir là une entreprise normale de séduction.

Les rapports entre hommes et femmes sont dictés par un insondable inconscient collectif auquel tous sont soumis, même celles qui se prétendent lucides.

Notre démarche consiste donc à rappeler que les rapports entre les deux sexes sont toujours chargés de tension. Pour tenter de comprendre pourquoi les femmes-pourtant majoritaires dans le monde- acceptent de se soumettre à une société où règne l'hypervirilité. Pour tenter de comprendre comment le souhait des féministes de se débarasser de toute contrainte vestimentaire et de ne plus porter de soutien-gorge a fini par engendrer une masse de femmes à poil sur petits et grands écrans, sur photos grand format et panneaux géants. Pour tenter de comprendre pourquoi personne ne sourcille quand on se promène dans la rue et qu'il y a des peep show, des bars à streap, des sex shop en plein centre-ville. Pour tenter de démontrer que la civilisation, malgré une avancée certaine dans l'émancipation des femmes, tourne exclusivement autour du plaisir masculin. Les chanteuses prétendument libérées se dénudent pour gagner plus d'argent ou relancer leur misérable carrière, sorte de prostituées déguisées en divas. Les hommes peuvent acheter des films porno, se faire branler et sucer dans les salons de massage, se payer une pute dans les bois, se faire du bien devant les clips de Clara Morgan sur W9, aller pêcher de la meuf dans les boîtes et sont officieusement autorisés à violer les femmes des pays occupés pendant la guerre.

Pourquoi n'avons nous encore rien trouvé de concret pour contrer tout ça ? Pourquoi l'idée d'une arme vaginale anti-viol n'a toujours pas été répandue alors que ce crime -reconnu comme tel seulement depuis 1980- est un véritable fléau ? Pourquoi Sex and The City passe à 23h15 et Top Model 2008 à 19h30 ? Pourquoi jette-on la première pierre à Britney, Paris et Lindsay et non à Collin Farrell, David Beckam et 50 Cent ?

Il nous semble que le féminisme ne doit pas s'envisager comme un rapport de force entre l'homme et la femme. Il ne suffit pas de dénoncer et de pointer l'homme du doigt.

Il ne s'agit pas non plus en ce qui nous concerne d'alimenter les images préconçues du féminisme. En effet il est bien triste que beaucoup pensent qu'une femme lucide par rapport à sa condition loin d'être aussi simple à gérer est nécessairement laide ou frigide. Dans la mesure où la femme ne se définit dans l'inconscient collectif que par rapport à l'homme, qu'elle n'est qu'une part de la côte de l'homme, si elle se plaint c'est qu'elle a forcément une rapport conflictuel voire inexistant à l'homme.

Nous sommes au contraire trois nana jolies et maquées qui aimons le vernis à ongles, les talons aiguilles, et les sacs vintages. Ce qui inclut donc forcément le fait que nous n'échappons pas à ce paradoxe : comment être femme en tant qu'identité sexuée complète, indépendamment de tout caprice ou volonté masculine ? Comment se plaire à soi-même sans se satisfaire uniquement du désir que l'on suscite chez l'homme ? Comment s'appartenir sans s'enorgueillir du fait que l'on appartient à son homme ?

Pour que les rapports entre les deux sexes soient strictement égalitaires, il faut revenir sur la manière d'appréhender le quotidien en tant que femme. Nous remettre en question.

Intention d'autant plus subtile et complexe qu'il ne s'agit pas de faire du mouvement féministe un processus d'alliénation. Que deux hommes se retournent dans la rue sur trois belles jeunes filles c'est une chose, que ces deux hommes se permettent de les siffler, de dire qu'elles sont "bonnes", que ce sont des "salopes" et se permettent alors de les toucher en est une autre.

Comment un tel comportement est-il possible?

Car derrière le mythe rassurant de Linette Scavo s'exhibent les innombrables peites nymphettes des clips MTV.

Toutefois la soumission et l'exhibition ne sont pas répréhensibles en tant que comportement sexuel féminin vécu dans l'intimité mais elles le deviennent dès lors qu'elle sont imposées comme une norme.

Nous pratiquons toutes la levrette : comment expliquer le fait que cette liberté intime soit instrumentée contre nous comme moyen de reconnaisance et de dévalorisation sociale de la femme?

Comments

[LSH]

Bravo! Perso j'aime beaucoup vos articles.

Je ne résiste pas à vous copier coller les annonces Google présentes pendant que je regarde ce post :


- Pilosité Femmes

Révélez la déesse qui est en vous grâce aux nouveaux rasoirs Vénus !
enviedeplus.com/Breeze/Gillette


- Agence Matrimoniale Russe

Tombez sous le Charme de ces Anges venus du Froid & à la Beauté Divine
www.Elite-Matchmaking.com/


- Epilation Féminine

Une Efficacité Testée et Prouvée Résultats Exceptionnels et Durables